jeudi 10 mars 2011

A- Des héritages sociaux culturels

      Suite à la révolution estudiantine et ouvrière qui survint en mai 1968, de nombreuses modifications et transformations tant sociales que culturelles apparurent.
      Premièrement, les étudiants qui se sont insurgés à cette époque contre la société qui les entouraient, véhiculaient pour la plupart des idéaux magnifiques à tendance égoïste ainsi que des idées stéréotypées.
Ainsi les conceptions idylliques imaginées par ces étudiants se sont conjuguées en positions quasi extrémistes qui ont dévalorisé et enfoncé le mouvement, ce qui a amené à un engagement plus idéologique que social.
Cependant, mai 68 n'a pas eu que des effets négatifs sur la société, elle a permis l'apparition ou le développement de nombreuses valeurs, comme une certaine autonomie individuelle avec une réalisation personnelle plus conséquente, ce qui a intronisé l'individualisme de masse. Ce dernier conduit à la valorisation de l'individu. Ainsi, celui-ci commence à réfuter et à rejeter les règles conformistes : l'autorité est remise en question.

      Par ailleurs, la liberté sexuelle est amorcée. On porte un intérêt nouveau à son corps et à la sexualité. Des contraceptifs comme le préservatifs et la pilule apparaissent dans les grandes surfaces françaises. De plus la femme qui continue de se démarquer face à l'homme, profite du climat propice de mai 68 pour se lancer à nouveau dans le militantisme féministe comme le firent avant elles les Sufragettes en 1944 qui réclamaient le droit de voter. Ainsi un mouvement radical apparaît : le MLF (Mouvement de Libération des Femmes) créé en 1970 par Antoinette Fouque . 

Ci-dessus, une manifestation pour l'avortement avec en tête Antoinette Fouque en 1970.

Manifestation du MLF à Paris

Il ne s'agit pas d'une organisation ni d'une association, ce mouvement se considère comme un groupe de discussion véritablement créé à la suite d'une manifestation d'une douzaine de femmes, sous l'Arc de Triomphe le 26 août 1970, en mémoire de la femme du soldat inconnu. Antoinette Fouque fut la première à parler de libido utérine, n'étant pas réservée spécifiquement à l'homme. Selon elle la misogynie résulte d'une « envie d'utérus » de la part des garçons en accord au concept freudien qui énonce l'envie de pénis des filles. Elle est persuadée que la femme n'est pas un « homme inachevé » mais elle affirme qu' « il y a deux sexes ».


Manifestation du Mouvement de Libération des Femmes

Il faut rappeler que le féminisme qui est à beaucoup d'égard, considéré comme une idéologie consiste en fait à se révolter contre la domination masculine, contre une forme de pluralité conformiste au niveau de la pensée et des actes. On peut par exemple citer l'unique mais malgré tout important meeting sur les femmes qui eut lieu à la Sorbonne en 1968. Dans cette idée, l'avortement est autorisé à partir de 1975 grâce à Simone Veil, l'une des premières femmes à s'être entièrement intégrée à la vie politique française.
Le ton est donné, on parle même de sexisme dans les débats. On critique les quelques femmes au pouvoir qui sont dominées par des politiciens masculins trop influents.
Par ailleurs, en 1970 la figure paternelle disparaît, l'autorité parentale devient partagée ce qui permet aux filles d'avoir une plus grande marge de manœuvre pour leur avenir et peuvent souhaiter une vie sociale moins dominée par l'emprise paternelle ou tout simplement masculine. Cette dernière ne cesse justement de décroître même si ce combat est malheureusement toujours inachevé à ce jour. On retrouve cette domination sous la forme de nombreuses inégalités dans le monde du travail par exemple la femme à un accès restreint à certains postes et la parité salariale n'est souvent pas respectée.



      Cependant cette révolution se retrouve également dans les milieux culturels notamment au cinéma. Les cinéastes comme jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Berri et Claude Lelouch ont voulu en bloquant l'entrée du Festival de Cannes de Mai 68 faire de leur art un moyen de contestation au même niveau que les manifestations estudiantines.



Sur cette photographie on peut y voir Claude Lellouch, Jean-Luc Godard
et François Truffaut en train d'empêcher passivement la projection d'un film du festival de Cannes.

Ces protestations et litiges perdurèrent après 1968 car lors de la suppression des barricades nombreux furent les cinéastes qui continuèrent de transmettre leur appétit révolutionnaire dans leurs films. On le remarque notamment avec Claude Berri et Marin Karmitz qui vont prendre le pouvoir cinématographique dans les années 70-80 en ouvrant leur propre maison de production afin de financer des films indépendants. Jean-Claude Godard ou Chris Marker vont se lancer dans un cinéma plus social ou idéologique. Comme pour toute la société française, l'héritage de mai 68 se fera sur le long terme.

 On retrouve notamment ce dernier avec l'apparition d'une nouvelle forme de journalisme plus incisive et plus ciblée qui se concrétise dans la venue d'un nouveau journal nommé "Libération". On remarque d'ailleurs que le nombre de tirages des journaux et autres revues augmentent fortement à partir de la fin des années 60.
 
      Dans un autre registre, on remarque que Mai 68 entraine de nouvelles perspectives au sein de la culture française car une certaine forme de dialogue est entamée, permise par la médiatisation de l'évènement. Elle entraine une modification de la société et de la figure familiale. Il faut savoir que les jeunes manifestants des grèves de mai 68 ne sont rien d'autres que les enfants du baby-boom, de l'expansion économique et du développement des biens de consommation. Cette génération, qui vit pendant la période des trente glorieuses, refuse cette société de consommation, qu'elle considère comme aliénant les rapports humains au profit des bénéfices. La population française engagée dans ce soulèvement culturel et social devient lucide et remarque la mondialisation grandissante qui ne cesse de s'accroitre et de se développer. Les ouvriers et les étudiants réalisent qu'ils évoluent dans une société de consommation, ils souhaitent ainsi réprimer cette aspect. 




 

     Les évènements de mai 68 ont notamment encouragé l'apparition de mouvements pacifistes dans les années 70 avec pour objectifs le désarmement et la création des Organisations Non Gouvernementales (ONG) afin de créer des alliances tiers-mondistes tel que Médecins Sans Frontières. Les ONG reflète le regain libertaire qui souffla sur la France qui entraina la fin des grandes idéologies de l'époque qui positionnaient l'intérêt des individus en dessous de celui de l'État. Cependant ces mouvements citoyens connaissent de nombreux échecs actuellement car ils n'ont jamais réussi à contrer des guerres menées par les grandes puissances mondiales (États-Unis en Irak et en Afghanistan) et ce même s'ils réussissent à s'affranchir des contraintes politiques apposées par des règles provenant des États en s'unissant grâce à la force et à la liberté de la mobilisation citoyenne par exemple avec l'organisation GreenPeace qui fait naviguer ces navires dans des zones interdites et protégées par des militaires. Par ailleurs on peut même affirmer que mai 68 a permis indirectement l'apparition de mouvements écologiques ou même de militantisme virtuel ou dématérialisé présenté comme le nouvel âge du mouvement citoyen. On peut ainsi faire référence à Wikileaks dont le créateur Julian Assange « militait » contre les opérations militaires américaines et les guerres en Irak.. Il souhaite désormais se lancer dans la lutte des institutions financières verreuses.

Ci-dessus Julien Assange, fondateur de Wikileaks, une base de donnée répertoriant des informations diplomatiques confidentiels. Il considère son site web (devenu une organisation à but non-lucratif) comme un service de renseignement dont l'accès est ouvert au peuple.



      De plus Mai 68 provoque l'apparition de nouvelles revendications de la part des citoyens français en termes de liberté d'expression au niveau du dialogue social en société. En effet, ils condamnent le paternalisme qui a notamment entrainé de nombreuses grèves. Les ouvriers mais aussi les étudiants militaient et luttaient donc contre la société conservatrice française, ils souhaitaient la modifier profondément car ne supportant plus les méthodes archaïques employées par l'État.

      Il faut aussi insister sur la pédagogie, profondément marquée par le mouvement de mai 68. De ce fait l'éducation perd son caractère autoritaire au profit d'une plus grande contribution de l'enfant, c'est l'apparition de la coéducation : les parents et les élèves peuvent ainsi participer activement dans l'évolution pédagogique au niveau des règlements ou des conseils scolaires et ceci dès juin 1968. Cette évolution est pourtant contrastée car jugée trop laxiste. De plus cette action présentée comme une grande avancée pour les droits de l'homme est accusée d'avoir favorisé l'étiolement et la déchéance du modèle familial ou d'avoir encouragé la pédophilie. 
Par ailleurs, on peut même appuyer sur le fait que le débat sur les conséquences de mai 68 en ce qui concerne l'éducation reste d'actualité puisque dans un discours récent ( avril 2007) le président Nicolas Sarkozy fustige l'héritage de mai 68 et déclare qu'"il faut le liquider", prônant un retour à l'école de Jules Ferry, qualifié d'école de l'excellence et du civisme. (Lien ci-dessous)

http://www.youtube.com/watch?v=8L5Jsi2FCPQ&feature=BF&playnext=1&list=QL&index=1



On peut voir ci-dessus une vidéo de Jean Louis Caccomo, auteur de Liquider mai 68 ?, en train de répondre aux questions de Poletudiant suite à un débat plutôt houleux...

On reproche à cette école post-68arde le déclin de l'autorité professorale (égalité professeur/élève), on reproche de plus aux héritiers de mai 68 d'avoir fait croire que l'élève valait le maître, qu'il ne fallait pas mettre de notes pour ne pas traumatiser les mauvais élèves et que surtout il fallait bannir le classement. De ce fait, l'héritage de mai 68 aura eu des conséquences catastrophiques sur l'éducation. Le laxisme et le refus de l'autorité ayant pour résultat, selon certain une baisse générale du niveau scolaire. L'autorité et la discipline auraient souffert des idéaux défendus par mai 68.
Par contre il ne faut pas oublier que 1968 est la première année où la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans a été effective amenant à un progrès social notable. Il s'agit d'une étape dans la démocratisation du système scolaire, on notera aussi l'autonomie des universités, le remplacement des notes sur 20 par des lettres, l'apparition des représentants des élèves et des parents.
Selon François Dubet (sociologue), en termes pédagogiques, 68 n'a eu que peu d'effets, l'école est restée sélective, centrée sur les savoirs et non sur les relations avec les élèves. D'ailleurs une grande partie des réformes résultant de mai 68 fut abandonnée. En définitive, l'opposition entre l'école de Jules Ferrry qui était malgré tout une école de tri social extrêmement fort et l'école issue de mai 68 suscite des débats contradictoires et la question reste entière : Mai 68 a-t-il été une rupture dans l'histoire de la pédagogie ?



      Enfin le mouvement de mai 68 a favorisé à l'apparition et à la formation de nombreuses communautés, telles que le mouvement hippie qui évoluait dans un fond de communautarisme ambiant, refusant les normes et les valeurs de la société. En effet, il évoluait dans une organisation parallèle fermée à la société française de l'époque. De ce fait, les hippies souhaitaient acquérir une liberté spirituelle, morale et physique totales ainsi qu'une marge de manœuvre plus grande en matière de politique. De plus, ils rejetaient toutes autorités notamment celle imposée par le cadre familial ainsi que les normes vestimentaires dans une logique de refus de la société de consommation.


Ci-contre, on peut voir une manifestation de l'organisation de sabotage écologique Earth First!, organisation de sabotage écologique, extrémiste ils seraient près à éradiquer l'humanité (le malthusianisme) en vu de sauvegarder la planète. De plus, ils font preuve d'un très fort communautarisme. A la tête de ce mouvement quasi nazi se trouve non pas un écologiste pure souche mais un professeur de faculté végétarien qui prône l'égalité animale !

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